Yves Patte est sociologue de formation et coach Fitness fonctionnel Level 1 à Bruxelles. Son objectif est de contribuer au développement du Fitness fonctionnel en Belgique. Son blog sur le Fitness fonctionnel : Sport is Everywhere. Son blog personnel sur l’autonomisation. Il organise des entrainements Fitness fonctionnel tous les samedis au centre sportif du Blocry, à Louvain-la-Neuve (Belgique). Il répond au question de Rudy, que l’on sait “dubitatif” sur le Fitness fonctionnel (cf. Fitness fonctionnel et Supercherie).
Je suis Coach Fitness fonctionnel Level 1 à Fitness fonctionnel Brussels. J’ai en fait plusieurs “caquettes” qui sont dues à mon parcours professionnel. J’ai à la base une formation de sociologue des médias qui m’a amené vers la recherche à l’université, puis dans le consulting politique et enfin dans l’enseignement. Au fil du temps et des formations, j’ai commencé à enseigner l’éducation à la santé.
Mes activités actuelles sont le fruit de ce parcours et de ces expériences : à Fitness fonctionnel Brussels, en plus des entraînements, je m’occupe également du suivi alimentaire Paleo/Zone, qui est une manière de s’alimenter Ftrès liée au Fitness fonctionnel. Je m’occupe aussi en partie de la communication ou de l’organisation d’événements, comme les “Fittest Games”, où nous avons élu, l’année passée, l’homme et la femme les plus “Fit” de Bruxelles.
Plus généralement, je fais la promotion du Fitness fonctionnel, ou de méthodes de fitness naturelles et fonctionnelles similaires, grâce à mon site Sport is Everywhere. Ce site était le premier site dédié au Fitness fonctionnel en Français et marche extrêmement bien. J’ai énormément de visites pour tout ce qui touche au Fitness fonctionnel, au régime Paléo et à la course pieds nus (barefoot running).
À côté de cela, j’ai également un blog plus “théorique” on va dire où je publie davantage de textes sur le coaching, le business du Fitness fonctionnel, l’enseignement, etc. J’ai effectivement remarqué qu’il y a de nombreux points communs entre l’enseignement tel que je le conçois et le coaching : redonner confiance à l’individu dans ses capacités, lui montrer qu’il est “capable”, c’est extrêmement important et c’est un levier sublime pour atteindre la confiance en soi et le développement personnel.
Je travaille actuellement sur des projets liés au développement personnel et à la notion d’ “Empowerment”, qui pourrait se traduire par le “processus par lequel on reprend un pouvoir sur… sa vie, son corps, sa santé, sa condition physique, sa scolarité, son parcours social, etc.”
J’ai 32 ans et suis père de deux enfants (4 ans et 1 an). Je mesure 1m89 pour plus ou moins 80 kg (à l’adolescence, je pesais 60 kg pour la même taille… ectomorphe donc…). J’ai terminé 211ème européen aux éliminatoires des Fitness fonctionnel Games (je pense qu’on était 800 européens à la base et 600 à la fin, mais je ne suis plus sûr). Et je ne suis pas du tout mécontent de cette place, même si je vais m’entraîner dur pour l’année qui vient. Mon meilleur score a été au workout 4 de l’open (10min AMRAP of: 60 Bar-facing burpees, 30 Overhead squats (55 kg), 10 Muscle-ups) où je me suis classé 164ème européen.
J’ai toujours été plutôt sportif. J’ai joué au football, en club, pendant 8 ans ; et quelques années au basket, en club et surtout en “streetball”. J’ai aussi beaucoup pratiqué le skateboard. Et puis des sports occasionnels comme le squash, le badminton, etc. Et j’ai toujours aimé courir.
C’est seulement après 20 ans que je me suis mis à la musculation, en allant dans la salle de musculation de mon université, puis en m’achetant un peu de matériel. Au fur et à mesure, je me suis constitué une petite “salle de sport ” à la maison. Je faisais de la musculation tout à fait “classique”, en hypertrophie musculaire. J’ai beaucoup lu à cette époque-là, sur le sujet. J’ai même encore plusieurs ouvrages de Frédéric Delavier ;-)
Mais après quelques années de musculation classique, je commençais à me lasser. Je cherchais des méthodes un peu différentes, plus complètes, etc. Et je suis tombé sur un article de Muscle and Fitness qui parlait de la salle Fitness fonctionnel d’Andy Petranek. La claque ! Voilà des mecs qui faisaient quelque chose de tout à fait différent et qui avait l’air vraiment fun ! En plus, il y avait un petit esprit punk/hardcore qui me plaisait beaucoup ! Ces mecs n’étaient pas en slip de bain à se mater devant un miroir : ils étaient tatoués, portaient des shorts larges et avaient des physiques de guerriers !
J’ai encore mis quelques temps à vraiment essayer une séance réellement Fitness fonctionnel et quand j’ai essayé : Re-claque ! En 10 minutes, j’étais couché par terre, à ne plus savoir reprendre mon souffle !… alors que je croyais être en bonne condition physique ! Je n’ai plus jamais refait une séance de musculation classique.
Le soir même, j’ai été voir sur Internet et je suis tombé sur les centaines de vidéos de Fitness fonctionnel. Pendant plusieurs semaines, j’ai dévoré toutes ces heures de vidéos. Et j’ai décidé de m’investir dans le Fitness fonctionnel pour en faire la promotion. À l’époque, il n’y avait qu’un affilié en Belgique, “Fitness fonctionnel Belgium”. Je l’ai contacté. Il entraînait un groupe de personnes près de Namur.
Quelques mois après, j’ai organisé un premier entraînement avec des amis dans une salle près de chez moi. C’était il y a 2 ans. Les choses ont ensuite été assez vite : en cherchant à acheter un kettlebell (on n’en vendait pas en Belgique à l’époque), je suis rentré en contact avec un kinésithérapeute de Bruxelles qui avait le projet d’ouvrir la première salle Fitness fonctionnel de Belgique. Quelques mois après, Fitness fonctionnel Brussels ouvrira. Entre-temps, j’ai passé ma certification “Level 1” en Hollande, à Fitness fonctionnel Twente. Cette certification permet de coacher officiellement en Fitness fonctionnel.
Aujourd’hui, un an seulement après l’ouverture officielle de Fitness fonctionnel Brussels, c’est déjà une des plus grandes, des plus belles et des plus florissantes salles Fitness fonctionnel d’Europe.
Il n’y a évidemment pas de méthode “universelle”. Il y a simplement des méthodes qui sont plus complètes que d’autres, des méthodes qui se basent davantage sur notre physiologie que d’autres, etc.
Ce qui est sûr, c’est que le Fitness fonctionnel représente quelque chose de différent. Par rapport à la musculation “classique”, la spécialisation, etc., le Fitness fonctionnel représente ce qu’on appelle en sciences un “changement de paradigme”, une autre “vision du monde” (“Weltanschauung” disent les philosophes allemands), tout comme on est passé, par exemple, du paradigme de la gravitation de Newton au paradigme de la relativité générale d’Einstein.
Et du coup, certaines questions que tu poses, Rudy, n’ont pas réellement de sens dans ce nouveau paradigme. Tu verras par la suite…
Pour essayer de décrire le Fitness fonctionnel, je dirais que son but principal est d’être une méthode de fitness” inclusive ” et “généraliste”, c’est-à-dire de préparer à toutes les demandes que le corps peut rencontrer. Il faut se préparer à tout et même à ce à quoi on ne s’attend pas – j’y reviendrai aussi.
Pour cela, le Fitness fonctionnel se base sur des mouvements “fonctionnels”, constamment “variés”, exécutés à “relativement haute intensité”.
C’est-à-dire complets, poly-articulaires, qui mettent en mouvement tout le corps et que l’on peut retrouver à l’état naturel. Dans la vie quotidienne, on doit se mouvoir dans l’espace : courir, sauter, se relever, etc. ; on doit mouvoir une charge dans l’espace : porter un objet, le soulever du sol, le déplacer, l’élever en hauteur, etc. Faire un squat, c’est fonctionnel, un Clean & Press, c’est fonctionnel. Contre-exemple : le Peck Deck… Jamais, dans la vie quotidienne, nous ne sommes confortablement assis, en contractant les pectoraux. En règle générale, toutes les “machines” sont non-fonctionnelles. Elles isolent un groupe ou un segment musculaire, ce qui n’arrive pratiquement jamais dans la vie quotidienne. De plus, travailler assis est la manière la moins naturelle de travailler : si vous avez une charge lourde à porter dans la vie quotidienne, vous n’allez pas chercher une chaise pour vous asseoir avant de la porter, vous restez sur vos deux pieds. Ça permet de solliciter tous les muscles stabilisateurs. On renforce donc aussi tous les muscles profond du tronc.
Les Fitness fonctionnelters ont d’ailleurs un physique un peu différent. Ce qui était recherché dans les années 80, c’était le fameux physique en V, comme on dit, qui est certainement peu fonctionnel : de larges épaules, mais une sangle abdominale mince et fragile. Les Fitness fonctionnelters ont généralement une sangle abdominale très solide et robuste.
Les muscles ne sont donc pas considérés de manière isolée, mais comme des chaînes musculaires (chaîne postérieure, antérieure, latérale, et les chaînes croisées). Sans entrer dans les détails, toute personne peut se référer aux travaux de Thomas Myers (Par exemple :Anatomy Trains: Myofascial Meridians for Manual and Movement Therapists (2nd edition). Elsevier Limited).
Les mouvements complets, poly-articulaires et fonctionnels sont aussi ceux qui provoquent les réponses neuro-hormonales les plus aptes à favoriser la masse musculaire et la densité osseuse, et augmenter le métabolisme et l’assimilation des graisses. On peut pour cela se référer aux nombreux articles et ouvrages du Dr. William Kraemer (Designing Resistance Training Programs, Human Kinetics, 2004 ; Optimizing Strength Training: Designing Nonlinear Periodization Workouts, Human Kinetics, 2007 ; Strength, endurance or combined training elicit diverse skeletal muscle myosin heavy chain isoform proportion but unaltered androgen receptor concentration in older men. Int J Sports Med. 2009 Dec;30(12):879-87.).
Parce que le corps s’habitue extrêmement vite aux stimuli. Dans le Fitness fonctionnel, nous voulons élargir nos capacités physiques. Si on prend l’habitude de toujours courir des 800 m, on peut devenir bon sur 800 m, mais on risque d’être très mauvais dès qu’il faudra faire un 1500 m. Dans le Fitness fonctionnel, on veut se préparer à tout. Pour obtenir cette variation, on peut puiser dans tous les exercices de gymnastique, d’haltérophilie, d’athlétisme, de strongman, de Parkour, etc. Les sources sont infinies, du moment qu’on continue à soumettre le corps à des stimuli nouveaux, pour le faire réagir et s’adapter. En somme, il s’agit toujours de sortir de sa zone de confort. Et bien entendu, on varie le nombre de répétitions, de séries, l’ordre des exercices, etc.
Parce que l’intensité est ce qui permet le plus de progresser. C’est pourtant une dimension qui est souvent oubliée des programmes de musculation. Même dans une optique purement “santé”, les recherches montrent que l’intensité est le facteur le plus important (par exemple O’keefe JH, Vogel R, Lavie CJ, Cordain L. Achieving hunter-gatherer fitness in the 21st Century : back to the future. The American Journal of Medicine. 2010 ; 123 (12) : 1082-1086 ; Tanasescu M, Leitzman MF, Rimm EB, Willet WC, Stampfer MJ, HU FB. Exercise type and intensity in relation to coronary heart disease in men. Journal of the American Medical Association. 2002 ; 288(16) : 1994-2000 ; Eaton SB, Eaton SB. An evolutionary perspective on human physical activity : implications for health. Comparative Biochemistry and Physiology Part A. 2003 ; 136 : 153-159).
La référence la plus évidente pour l’intensité est la recherche du Dr. Izumi Tabata, Ph.D., chercheur au Japan’s National Institute of Fitness and Sports de Kanoya. Avec son protocole “Tabata” : 8 intervalles de 20 secondes d’effort intense, suivies de 10 secondes de repos, il a effectivement montré que le travail en intensité élevée permettait à la fois de développer les capacités aérobiques et anaérobiques, alors qu’à intensité modérée, seule les capacités aérobiques étaient développées (Tabata I, Nishimura K, Kouzaki M, et al. Effects of moderate-intensity endurance and high-intensity intermittent training on anaerobic and VO2max. Medecine & Science in Sports & Exercise. 1996 : 28(10) : 1327-1330).
Au final, le Fitness fonctionnel veut développer 10 compétences :
Alors, avec tout ça, à qui le Fitness fonctionnel s’adresse-t-il ? À tout le monde ! Et c’est là l’originalité de cette méthode, c’est là qu’on voit pleinement le changement de paradigme. Vu la manière dont on perçoit le corps humain, et vu la manière dont on perçoit l’activité physique, on se dit que finalement tout le monde est confronté aux mêmes challenges physiques, même si c’est à des niveaux différents.
Pas plus tard qu’hier, paraissait un article dans le célèbre magazine de business Fast Company, intitulé “Fitness fonctionnel : là où un Navy Seals et une mère de famille enceinte s’aident l’un l’autre à être plus musclés”. Le constat est simple : ce qui est utile pour les élites (sportives ou militaires) est aussi utile pour monsieur-et-madame-tout-le-monde. C’est toujours mieux d’être endurant, d’être fort, d’être rapide, d’être souple, d’être agile, etc.
C’est pourquoi nous entraînons à la fois des athlètes de haut niveau et monsieur-et-madame-tout-le-monde. De plus en plus d’athlètes professionnels se mettent d’ailleurs au Fitness fonctionnel. Beaucoup de footballeurs US : Knowshon Moreno (Denver Broncos), Brian Cushing (Houston Texans), Chad Ochocinco (Cincinnati Bengals), etc. John Welbourn, un ancien des New England Patriots, a même développé un programme spécial ” Fitness fonctionnel Football”.
Il y a aussi beaucoup d’athlètes de sports de combat. On peut forcément citer B.J. Penn (MMA et Jiu Jitsu brésilien). En France, la Guardians Team (MMA), qui a gagné des titres européens, s’entraîne en Fitness fonctionnel. Je pourrais également citer, en rugby, les célèbres frères Owen et Ben Franks, des All Blacks, qui ont carrément ouvert leur propre salle Fitness fonctionnel en Nouvelle-Zélande. Je pourrais multiplier les exemples sur des paragraphes montrant des athlètes de haut niveau qui se sont mis au Fitness fonctionnel.
Bien sûr, ils intègrent simplement le Fitness fonctionnel dans leur entraînement. Faire du Fitness fonctionnel ne fera pas de vous un Zidane ou un Jordan, si vous ne savez pas shooter au goal ou à l’anneau. C’est évident. Mais le Fitness fonctionnel va permettre de développer des compétences générales qui seront utiles dans la pratique d’un sport spécifique ; toujours les mêmes compétences : force, endurance, explosivité, coordination, etc.
On peut aussi dire qu’être très bon dans une compétence, c’est risquer d’être très nul dans toutes les autres. ;-) C’est le problème de la spécialisation à l’extrême : des marathoniens qui sont très endurants, mais qui n’ont pratiquement pas de force. Des powerlifters très forts, mais qui seraient incapables de courir 10 km, etc.
Le Fitness fonctionnel va valoriser celle et celui qui seront les plus complets : l’athlète féminine et masculin qui pourront s’en sortir quel que soit l’épreuve à laquelle on les soumet. C’est tout le principe des Fitness fonctionnel Games. Le vainqueur peut ne pas avoir gagné une seule épreuve, mais dans toutes les épreuves, il se sera bien placé.
C’est un peu comme le maillot jaune au Tour de France. Ce n’est peut-être pas le plus fort au sprint, ni le meilleur grimpeur, peut-être n’a-t-il pas gagné une seule étape, mais en moyenne, c’est lui qui s’est le mieux classé sur l’ensemble des étapes. Est-ce que tu dirais que le maillot jaune du Tour de France n’est bon nulle part ? ;-)
Pour reprendre une tradition française en éducation physique, on pourrait dire que le Fitness fonctionnel vise à créer des “athlètes complets”, au sens où Georges Hébert utilisait ce terme. On se rappelle qu’à l’époque (1913) était organisé, à Vincennes (94), le “Concours de l’athlète complet”, qui comprenait 10 épreuves : des sauts, des lancers, des courses, un lever de charge, un grimper, un 300 m nage libre dans la Seine, le tout sur quelques heures.
En fait, s’entraîner en Fitness fonctionnel, c’est essayer “d’être prêt”. Prêt à tout. Si dans 2 minutes, je dois faire un sprint, ou courir 20 km, ou porter une charge très lourde, ou rester en équilibre sur un objet instable, ou gravir un obstacle, est-ce que je suis prêt ? D’où l’utilité évidente pour les militaires, les forces spéciales, les forces de police, etc.
Prêt aussi à faire d’autres sports. Dans deux jours, par exemple, je participe aux “Fitness fonctionnel Anvers Sports Series”, une rencontre Fitness fonctionnel qui va allier mouvements Fitness fonctionnel habituels et sports de plage : surf, bodyboard, stand up paddle, etc. Une des prescriptions du Fitness fonctionnel est effectivement de continuellement essayer et apprendre d’autres sports. Toujours pour amener des stimuli différentes au corps.
Personnellement, l’entraînement Fitness fonctionnel spécialisé en endurance constitue mon unique entraînement pour participer à des courses. J’ai fait ces dernières années plusieurs courses de 10 et 20 km et un semi-marathon. Fin octobre 2011, je tenterai mon premier marathon. L’entraînement proposé par Fitness fonctionnelEndurance se compose de workouts Fitness fonctionnel et d’interval training.
Uniquement du Fitness fonctionnel ?
Tout d’abord, il faut bien savoir qu’il y a toute une programmation au Fitness fonctionnel. Ce n’est aucunement mettre tout et n’importe quoi dans une même séance d’entraînement. On alterne en fait entre des “METCON (Metabolic Conditionning), des séances de force, des séances plus cardio, des séances où on travaille juste la qualité d’un mouvement (par exemple pour les mouvements olympiques qui sont assez complexes), etc.
Prenons l’exemple de ces derniers jours sur le site Fitness fonctionnel :
Ce qui correspond à :
Il me semble que ça se voit bien qu’il y a une structure et que ce n’est pas aléatoire du tout. On varie entre cardio seul, cardio + haltéro, cardio + gym, cardio + haltéro + gym, haltéro seul, haltéro + gym, gym seul, et ainsi de suite… c’est la clé de la programmation Fitness fonctionnel.
Sur une semaine de temps, l’ensemble du corps a travaillé, et toutes les compétences ont été développées. La question des antagonistes par exemple n’a aucun sens lorsqu’on travaille avec des mouvements fonctionnels et complets. Ça n’a de sens que si on isole des muscles, ce que nous ne faisons jamais.
Et comme le corps travaille de manière naturelle et fonctionnelle, c’est-à-dire en faisant ce pour quoi il est conçu, il n’y a pas besoin de faire du “renforcement musculaire comme pour la coiffe des rotateurs”. On se blesse même beaucoup moins en Fitness fonctionnel. La musculation classique, le bodybuilding, produit toutes sortes de blessures liées au fait d’isoler, de manière non naturelle, un segment musculaire. Si je dois soulever une charge au-dessus de ma tête, je ne serai pas assis sur un banc, en faisant une élévation latérale, j’utiliserai tout mon corps et en particulier les grands groupes musculaires comme mes cuisses, mes fessiers, des dorsaux.
Donc, en Fitness fonctionnel, ni syndrome de conflit acromio-coracoïdien, ni rupture du tendon du grand pectoral, ni inflammation du coude, ni déchirure du chef long du triceps ou du biceps brachial, etc. Et je suis sûr que toute personne qui pratique la musculation depuis plusieurs années connaît des personnes qui ont souffert de ces blessures.
Je ne sais pas pourquoi tu dis que les séances d’haltérophilie que nous faisons dans le Fitness fonctionnel ne sont pas vraiment des séances d’haltérophilie. Aux États-Unis, il y a beaucoup de salles qui sont un peu “entre les deux” : ce sont des salles d’haltérophilie à la base, qui ont élargi leurs activités avec le Fitness fonctionnel. Et sur le site Internet USA Weightlifting (USAW), c’est-à-dire la Fédération Nationale Américaine d’Haltérophilie, ils référencent beaucoup de salles Fitness fonctionnel comme des salles d’haltérophilie. Ils ont d’ailleurs organisé une compétition en commun, les “Fitness fonctionnel / Usa Weightlifting Open”, en octobre 2010. Donc, la Fédération Américaine d’Haltérophilie promeut tout à fait le Fitness fonctionnel…
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est ce que ça signifie lorsque le Workout of the Day (Entraînement du Jour) est, par exemple : Clean & Jerk : 3-3-3-3-3. Concrètement, on s’échauffe, on s’étire, on travaille le mouvement, encore, encore et encore. On fait quelques exercices spécifiques pour se préparer, on fait des Clean & Jerk légers, des séries de 10 par exemple. Puis on monte la charge, et on essaye 3 répétitions à charge maximale (3 Rep Max ou 3 RM). Ça passe ? On monte la charge. Et ainsi de suite. Au quatrième essai, on échoue ? C’est que la charge est trop lourde, on redescend un peu pour que ça se passe. Etc. Au final, la séance a duré une heure. Et on est exténué.
Autre exemple : le Workout of the Day est Fran : 21-15-9 reps de Thrusters et Pull-ups. Voilà un programme qui peut aller très vite : moins de 5 minutes pour les bons Fitness fonctionnelters. Ça ne veut pas dire qu’on ne va s’entraîner que 5 minutes à la salle. On peut très bien commencer la séance, après s’être échauffé, par des squats lourds ou des deadlifts. Un athlète comme Chris Spealler, par exemple, fait des squats plusieurs fois par semaine, même si ce n’est pas dans le Entraînement du Jour. Ensuite, on prend par exemple le temps de retravailler la qualité du Thruster, on s’échauffe bien les épaules, etc. Et puis seulement, on se lance dans un Fran. Au final, de nouveau, la séance a duré une heure.
Donc, plusieurs fois sur la semaine, on travaille en force (soit une séance y est dédiée, soit c’est avant un Met-Con), idem pour l’endurance, etc. Et du coup, on progresse bien en force. Mais c’est toujours la même chose : on progresse peut-être moins en force que quelqu’un qui ne fait que de la force. De même, on progresse en endurance, mais peut-être moins que quelqu’un qui ne fait que de l’endurance. Par contre, on continue semaine après semaine à progresser en force ET en endurance ET en vitesse Et en explosivité, etc.
Une dernière précision, ce que je dis là vaut pour 99 % des Fitness fonctionnelters. Les athlètes qui se préparent pour les Fitness fonctionnel Games ont la possibilité de s’entraîner davantage et éventuellement de programmer encore de manière plus fine, sur l’année, avec des cycles de force par exemple. Ils ont souvent aussi la possibilité de s’entraîner 2 fois par jour (certains font 2 entraînements un jour et repos complet le lendemain), mais c’est beaucoup moins représentatif de l’ensemble des Fitness fonctionnelters qui ne peuvent pas consacrer leur vie à cette pratique sportive.
Personnellement, le Fitness fonctionnel est effectivement une méthode d’entraînement qui me plaît et qui correspond bien à mes attentes. Mais pour te montrer que je ne suis pas “sectaire”, je vais fin octobre suivre une formation “MovNat” qui n’est pas du tout du Fitness fonctionnel. C’est une méthode développée par un Français, exilé aux États-Unis, Erwan Le Corre, qui remet au goût du jour la Méthode Naturelle de Georges Hébert.
Erwan est d’ailleurs relativement critique vis-à-vis du Fitness fonctionnel puisqu’il trouve que ce n’est pas encore assez naturel et fonctionnel. Il prône, lui, un véritable retour à la nature, et reproche au Fitness fonctionnel de se faire beaucoup en salle, et avec toujours le même matériel. Il n’a pas tort : il dit que les barres à traction sont toujours les mêmes, alors que si on escalade un arbre, toutes les branches sont différentes ; il dit qu’on saute toujours sur les mêmes box alors que si on sautait sur des rochers, ce serait différent à chaque fois ; il dit qu’on soulève toujours les mêmes barres, alors qu’on devrait plutôt soulever des troncs d’arbre et des rochers.
Voilà des critiques adressées au Fitness fonctionnel que je trouve fondées. Et si je peux intégrer du “MovNat” dans mes entraînements Fitness fonctionnel, je le ferai. C’est en fait déjà un peu ce que je fais, comme dans la vidéo que j’ai publiée récemment, dans les Vosges, où je m’entraînais avec des pierres, etc.
Maintenant, une chose que tu remarques et qu’on remarque aussi, c’est que les gens “accrochent” vraiment au Fitness fonctionnel. Tout d’un coup, ils se rendent compte qu’ils sont capables de faire beaucoup plus que ce qu’ils croyaient : ils sont plus forts que ce qu’ils pensaient, plus endurants, etc. Et ils se sentent très valorisés.
À côté de cela, c’est vrai que le Fitness fonctionnel représente un vrai modèle au niveau commercial et marketing. Je crois vraiment que dans quelques années, on étudiera le développement économique de cette forme de Fitness. Entre autres l’esprit communautaire qu’ils ont créé est effectivement impressionnant… et commercialement, c’est très intelligent. Mais ça n’enlève rien aux qualités physiologiques du Fitness fonctionnel.
Mais on ne sprinte pas sans s’échauffer. On s’échauffe, on s’étire, etc. Quand je parlais d’être prêt dans 2 minutes, c’était une image… Ça peut être 10 minutes… le temps de s’échauffer ;-) Pour le reste, je me répète, dans le bodybuilding, tu dois travailler un muscle spécifique, parce que tu as travaillé son antagoniste spécifiquement auparavant. Quand on travaille de manière complète et fonctionnelle, ça n’a pas de sens. Il faut percevoir le corps en termes de chaînes musculaires et dans sa globalité.
Je crois vraiment que c’est dans le bodybuilding qu’on se blesse à la coiffe des rotateurs, de par les mouvements spécifiques qu’on y exécute. Personnellement, en 2 ans de coaching, je ne connais personne qui s’est blessé à ce niveau-là au Fitness fonctionnel.
Je voulais dire qu’il n’y avait pas de blessures chroniques. Il y a des sports qui génèrent de manière chronique des blessures spécifiques : pense aux genoux pour les footballeurs, ou le coude pour les tennismen, par exemple. Au Fitness fonctionnel, la seule blessure chronique me semble être la peau des mains déchirée par les séries de pull-ups et de toes-to-bar.
Maintenant, c’est sûr que tu arriveras à trouver des gens qui se sont blessés en pratiquant du Fitness fonctionnel, dans de bonnes ou de mauvaises conditions. Le plus souvent, c’est l’ego qui est en cause, on veut porter trop lourd. Le rôle du coach est justement de modérer celles et ceux qui surestiment parfois un peu ce qu’ils savent porter ;-)
Je ne vois par ailleurs pas vraiment quel est le problème avec le développé nuque avec élan (“Behind the neck Jerk”). Après tout, c’est le mouvement que l’on fait toujours pour se mettre en overhead squats. Donc, toute personne qui fait des overhead squats apprend à faire des “behind the neck jerk”. Bien sûr que ce soit pour les overhead squats ou les behind the neck jerk, on ne commence pas avec 70 kg. On commence avec un stick en plastique. Il y a toute une dimension “travail de la mobilité des épaules”. On s’étire, on apprend à maîtriser le mouvement. Puis on passe à une barre à vide. Puis on charge progressivement. Personne n’est, dans l’absolu, incapable de faire des “behind the neck jerk”. Tout le monde a un niveau différent, une morphologie différente, et on part de là pour progresser.
Bien sûr que ce sont des slogans et du marketing. Ton site Internet et les photos de toi que tu publies, c’est aussi du marketing, Rudy, et c’est normal. Ca n’enlève rien à la qualité de la méthode d’entraînement. C’est la conjonction des deux qui explique le succès actuel du Fitness fonctionnel : une méhode qui fonctionne vraiment bien et qui se vend bien via les vidéos, les sites Internet, les t-shirts, les logos, etc.
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